Salut =)
Comme tu l’as entendu dans le dernier épisode de Phantasia, je “sors” (plus ou moins) d’une maladie de plusieurs mois. Ce n’était pas simple. Et surtout, c’était (et c’est encore) l’inconnu.
Et face à l’inconnu, tu fais ce que tu peux : tu avances, en attendant que ça passe. Comme si un matin tu allais te réveiller et réaliser que tu avais franchi, pendant la nuit, une ligne d’arrivée. Mais la réalité, c’est que cette ligne n’existe pas. Le retour à la norme n’est pas une destination, mais un processus. Pas de panneau “ça s’est fini hier” (ou alors je l’ai raté ?). Ça se stabilise petit à petit. Mais beaucoup de choses restent différentes, et certaines ne redeviendront jamais “comme avant”.
J’ai changé. Aujourd’hui, mes pensées se baladent entre celle que j’étais (qui n’est plus) et celle que je suis (qui n’est pas encore). Une zone de flottement, une quête de sens, une quête de soi.
Depuis le début de Phantasia, j’ai toujours évité d’écrire ou de parler de mes épreuves au moment où je les vivais. La frontière est fine entre contenu (que j’espère utile) et journal intime déguisé en post LinkedIn.
Mais j’ai tenu un carnet de bord pour mes proches pendant cette période, et j’ai remarqué que ma plume y était beaucoup plus fluide. Ça m’a donné envie de partager autrement : éclairer les zones grises, les non-dits autour de la maladie chronique, du cancer. Partager mon expérience, offrir d’autres clés pour en parler.
Brené Brown m’inspire beaucoup là-dessus. Dans Daring Greatly, elle écrit :
“Shame resilience is the ability to say, ‘This hurts. This is disappointing, maybe even devastating. But success and recognition and approval are not the values that drive me. My value is courage and I was just courageous. You can move on, shame.’”
Ou en français :
« La résilience à la honte, c’est la capacité de dire : “Ça fait mal. C’est décevant, peut-être même dévastateur. Mais le succès, la reconnaissance et l’approbation ne sont pas les valeurs qui me portent. Ma valeur, c’est le courage, et je viens justement de faire preuve de courage. Tu peux passer ton chemin, honte.” »
(BTW c’est aussi cette réflexion qui nourrit Passe-moi la cuillère, mon jeu coopératif sur l’inclusion et la prévention des RPS. J’en reparlerai bientôt ici !)
Au fond, je me demande si on peut vraiment parler de connaissance et de respect de soi en se planquant quand il s’agit d’évoquer ses épreuves et ses émotions ? Ou est-ce que c’est pas justement en parlant de soi, en assumant nos expériences, qu’on ouvre des réflexions utiles aux autres ?
Alors au diable le costume de professionnelle lisse et sans accroc. J’ai pris une leçon. Être authentique, ce n’est ni se mettre complètement à poil tout le temps, ni rester en col roulé par 38°. C’est doser.

