Se sentir ridicule est un passage courant de l’apprentissage
Mais quand tu arrêtes de faire semblant, tu prends confiance et tu apprends que ce n'est pas la réalité.
Passer d'un exercice à une vraie simulation, ça change tout
Dimanche matin, je participais à une initiation au krav maga proposée par un club de ma ville (coucou Stephanie Frenoux, Delphine Rabejac).
La philosophie qui nous a été transmise est extrêmement importante : La force ne fait pas tout. Beaucoup de choses se jouent aussi dans l’agilité, la réactivité… et la confiance.
Avec ma binôme, nous nous sommes toutes deux senties plutôt mal à l’aise au départ. Premier exercice : simplement pousser quelqu’un de trop entreprenant en lui criant de nous laisser, et en le repoussant.
Au début, on joue un peu, on a l’impression de faire semblant. Avec ma binôme, nous étions plus dans un jeu que dans une simulation. Nous avions « peur » d’aller au (faux) conflit (d’autant plus vu notre différence de force). Nous nous sentions pas mal ridicules.
Et puis, au fur et à mesure que les techniques se sont compliquées, on a commencé à moins jouer, à devenir plus sérieuse et à interagir de manière beaucoup plus affirmée. À réellement s'entraîner, en agissant pour de vrai, à ne plus arrêter notre geste de gifle à proximité du visage. Et cela nous a permis d'arrêter de nous demander à quoi nous pouvions bien ressembler : nous n’en avions plus le temps.
C’est la même chose avec soi et ses compétences professionnelles et c'est la différence entre une formation où l'on donne des concepts et des outils, et celles où l'on les met en pratique.
Comment apprendre en confiance ?
La première étape, c’est oser. Au début, on n’ose pas, on a l’impression d’avoir l’air ridicule. Et puis on y va. On commence à croire en soi, en ce qu’on fait, et d’un coup, l’idée d’être ridicule ne nous effleure plus et de fait… et bien ça devient beaucoup plus sérieux. Mais ce n’est possible que dans un cadre où l’on applique vraiment les concepts proposés. Si l’on ne (se) laisse pas la possibilité de les mettre en action dans la réalité, on reste dans cette posture de recherche d’évaluation.
L’importance de la confiance. Tout comme dans le Krav Maga, la confiance en soi se construit à travers l’action et l’expérience. Plus on s’entraîne, plus on gagne en assurance, que ce soit pour repousser un assaillant ou pour affirmer ses idées au travail. Le fait d’enchaîner rapidement et de construire l’automatisme aide à prendre confiance, car ils ne laissent plus le temps à la pensée de suivre ce qui se passe.
Les compétences se développent avec la pratique. La confiance et les compétences vont de pair. En pratiquant régulièrement, on développe des compétences qui nous rendent plus efficace et plus sûr de nous. On voit qu’on commence à y arriver sans forcément savoir comment, simplement par conditionnement et automatisme.
C’est la même chose avec soi et ses compétences professionnelles.
Au fil de mes accompagnements, j’ai découvert qu’au-delà du manque de confiance en soi qui semble se dégager de cette peur de mal faire quand on découvre une connaissance, il y a aussi un facteur majeur souvent mis sur le tapis : Celui du syndrome du bon élève, directement hérité de nos années d’études, qui fonctionne sur l’évaluation, à la fois dans le process, et dans le résultat (quand c’est en majorité le résultat qui compte dans beaucoup d’aspects de la vie d’un adulte).
Si tu te retrouves dans une situation sérieuse où tu pratiques ces vrais mouvements de simulation, hors contexte de formation, tu vas forcément arrêter de te demander si tu fais parfaitement x ou y mouvement.
En réalité, le fait que tu te poses la question devrait être induit uniquement par un contexte formatif, et uniquement si tu as la possibilité d’être évalué pour recevoir du feedback. Si ce n’est pas le cas, il est inutile de te demander si ce que tu fais est réalisé “parfaitement”, car tu n’obtiendras pas de réponse.
C’est ce même effet qui fait que les formations en gestion du stress… Ne permettent pas du tout aux apprenants de mieux le gérer. C’est pour cette raison que mes formations sont construites comme des expériences formatives, et non comme des formations descendantes.
Cela permet aux personnes qui les suivent de ne pas se demander si elles comprennent et appliquent “bien”, mais d’expérimenter directement pour trouver leur manière de transférer l’apprentissage, et de fait, court-circuiter l’effet bon élève.